Semaine du 8 novembre 1999 |
Il y avait à Hilo une Semaine de la Francophonie, avec présentations de films en français, soirée dansante, 5 à 7 et autres activités visant à célébrer la langue française, quel que soit le pays où elle est parlée. En soirée, à l'Université de Hawaii à Hilo, se déroulait une soirée sur la Science et la Technologie. Le CFHT étant une compagnie à forte composante francophone, surtout parmi ses astronomes résidents, les organisateurs de la Semaine avaient invité le CFHT à présenter un petit quelquechose lors de cette soirée.
Mon superviseur, l'astronome senior, m'a portée volontaire. J'avais donc préparé un petit 10 minutes sur 2 instruments high-tech qui produisent de jolies images, PUEO (système d'optique adaptative qui compense les effets turbulents de l'atmosphère pour donner des images avec plus de détails) et CFH12K, une mosaique de 12 détecteurs CCDs qui peut prendre des images de grandes régions du ciel, environ le diamètre de la Lune.
Le thème de la soirée était Science et Technologie, mais le contenu de la soirée a été beaucoup plus diversifié, voire disparate. De courtes présentations ont été faites sur l'origine de la langue française, la situation du français en Afrique et en Asie, les bouteilles de parfums, l'industrie aérospatiale en France, le TGV, le vin et le fromage, le chocolat belge... Pour représenter le Québec, une québecoise qui vit à Hawaii depuis plusieurs années a sorti un CD de Gilles Vigneault et a accompagné de cuillères de bois la Danse à St-Dilon; ça fait bizarre d'entrendre du Vigneault à Hawaii, laissez-moi vous dire ça!
Malgré que l'on célèbre la langue de Molière, toutes les présentations ont été faites en anglais (ce qui est à mon avis un peu beaucoup dommage) parce que quelques-unes des personnes de l'assistance ne parlaient pas français... De même, tous les présentateurs francophones n'étaient pas complètement à l'aise avec la langue de Shakespeare... Mais l'atmosphère de bonne franquette et d'ouverture a fait que tout le monde a apprécié ce qu'il avait entendu.
De temps en temps, entre deux présentations, on nous servait quelques échantillons de mets typiques provenant de pays francophones: salade de fruits, pâtisseries africaines, rouleaux du printemps faits maison, fromage (et j'ai pas pu refuser, et j'ai mangé du fromage-qui-pue...), chocolat (malheureusement pas du belge!), tarte aux pommes (pommes cueillies sur le Mauna Kea), viande crue accompagnée de riz.
La soirée s'est terminée par une danse de Tahiti, qui rappelle beaucoup la hula sans être exactement pareille.
Après ces 3 heures de présentations, les discussions se sont
poursuivies quelque peu, et j'ai appris qu'il y a beaucoup de Québecois
et surtout de Québecoises sur la Grande Ile! Et il y a encore plus de
francophones, ce qui laisse entrevoir plusieurs possibilités d'échanger
avec des compatriotes ou cousins d'outre-mer. Hilo, c'est un peu loin de
Waimea, mais peut-être que certaines occasions en vaudront la peine.
En fin d'après-midi, le directeur du CFHT a invité tout le personnel à une petite rencontre visant à faire le bilan de ses premiers mois en tant que directeur. Il a montré quelques réalisations de l'observatoire ainsi que les possibilités futures quant aux instruments et au télescope lui-même. En effet, la durée de vie d'un télescope n'est pas infinie, et dans le contexte des grands télescopes de 8 à 10 mètres et des observatoires spatiaux, il faut se demander de quelle façon le CFHT peut continuer à faire avancer nos connaissances en astronomie. Certains parlent de remplacer le télescope de 3.6 m par un plus gros (8 à 12 m) qui pourrait encore résider à l'intérieur du dôme actuel. D'autres parlent de carrément constuire un nouvel observatoire...
Ces plans pour le futur ont également amené le directeur à parler du
Mauna Kea et de son importance (culturelle et religieuse) pour les
Hawaiiens. En effet, quelques gens locaux très attachés à leur culture
et leur religion grimacent à chaque fois qu'ils voient les dômes blancs
au sommet de leur montagne, et grince des dents lorsqu'ils entendent
parler de constuire de nouveaux télescopes au sommet... Le Mauna Kea
était utilisé pour des cérémonies religieuses et est encore considéré
comme sacré. Bien que les
observatoires emploient environ 350 personnes sur l'Ile (ce qui est plus
que ce que l'industrie de la canne à sucre employait avant qu'elle ne
cesse sur la Grande Ile), plusieurs voient d'un très mauvais oeil tous
ces gros machins qui perturbent le sommeil de Pele... Il y a des pour et
des contre, des arguments pour les fins et pour les fous, je ne
m'embarquerait pas là-dedans...
Urk. Le 2-month scheduling meeting, où on "schedule" d'autres meetings: la préparation des instruments avant une mission, mais aussi, et c'est plus intéressant, la décoration du sapin de Noel, le party de Noel, et la tempête de neige monstrueuse qui va permettre de commencer les vacances une demi-journée plus tôt. C'est le directeur qui met ça au calendrier, pour vrai!
J'allais z'oublier... Pendant la mission de CAFE, un de nos
collègues français a pris quelques photos. Pour ceux que ça intéresse,
cliquez
ici. Il faut que j'explique qu'on était au sommet (où tout le monde
a l'air fou de toute façon), que c'était la fin de la dernière journée
et qu'on commençait à être pas mal fatigué (moi en particulier), qu'on
essayait de terminer à toute vitesse le plus de tests possibles, qu'on
faisait plusieurs choses en même temps, et que j'étais totalement perdue
et que je ne suivais plus trop ce qu'on me demandait de faire! Alors
avec en plus un photographe qui dit de sourire, ça donne le résultat que
vous voyez...
Lever à 7h00, uuuurrrg! Pour une bonne cause, un peu d'exercice et du grand air. Quelques employés du CFHT avaient décidé de nettoyer les abords de la Saddle Road, que certains prennent malheureusement pour un dépotoir. Plusieurs tronçons de route sont ainsi ratissés par des bénévoles pour essayer d'embellir un peu le paysage.
On a donc commencé la Saddle Road à son extrémité est. Par groupe de deux, armés de gants et de sacs, on devait ramasser tout ce qui n'avait pas d'affaire là, entre la route et les clôtures barbelées de Parker Ranch.
Jamais je n'aurais imaginé à quel point ça pouvait être envahi de bouteilles de bières, de cannettes, de papiers, de gobelets, de pneus, de morceaux calcinés de voitures, de chaussettes, de batteries de voiture, et autres artefacts de notre civilisation! Par endroits, on retrouvait une bouteille au mètre carré, sinon plus! Des grosses, des petites, des vertes, des brunes, des vides et parfois des pleines, entières ou en mille morceaux... Parfois encore dans leur caisse de carton... En restant à la même place sans bouger les pieds, on pouvait ramasser 4 bouteilles, du papier et 2 cannettes.
Je suis passée plusieurs fois sur la Saddle Road sans vraiment regarder par terre, je pensais que les gens qui passaient admiraient le paysage et non qu'ils se paquetaient la fraise et garrochaient par la fenêtre leurs bouteilles (vides, mais aussi, parfois pleines!) de bière. Alors sous le soleil et le vent, pendant près de 4 heures, on a ratissé environ un mille de route, en laissant à chaque 50 mètres un ou plusieurs sacs à ordures que la voirie va ramasser lundi. Ça fait un choc de voir tous ces sacs; j'espère que les automobilistes réaliseront à quel point certains d'entres eux peuvent être insouciants et irrespectueux...
Cette bonne action accomplie, on a fêté ça avec un BBQ, en montrant
le beau cap de roue trouvé (et rapporté!) ou les pièces de monnaie
calcinées et tordues ramassées, ou en essayant de voir qui avait trouvé
le plus de crânes de sangliers...