Les aventures d'une Québecoise à Hawaii
Semaine du 22 novembre 1999




Lundi 22 novembre 1999

Telescope Operations Meeting. Encore et toujours. Pour vous donner une petite idée de ce qu'on y mijotte, j'ai pris quelques notes; c'est bon aussi pour rester réveillée... Tout d'abord, on a passé en revue les semaines précédentes d'observations: problèmes techniques, résultats scientifiques, suggestions faites par les astronomes etc. Entre autres, un observateur un peu parano (c'est-à-dire un vrai astronome) a rapporté qu'une petite LED (lumière) restait constamment allumée dans la salle du télescope, et que cela générait un photon par minute sur ses images. Un photon sur quelques milliers, ce n'est pas beaucoup, mais quand on peut éliminer une source de signal parasite, on le fait! Certains objets observés sont très faibles, et on essaie autant que possible de mettre toutes les chances de notre côté en contrôlant toutes les sources de bruit, que ce soit du bruit électronique ou des détections qui ne nous intéresssent pas! Alors il y a probablement un technicien qui a collé sa gomme balloune sur la LED offensante pour éliminer ses photons arrogants. C'est une blague, bien sûr, au cas où certains en douteraient. On ne sait jamais, les astronomes passent souvent pour des Hubert Lulus.

On a également débattu de la question suivante: quand il y a un problème technique, l'observateur doit appeler son astronome support ou un ingénieur pour obtenir de l'aide, certes, mais peut-il le faire A 4 HEURES DU MATIN?!? Le problème s'est présenté une fois: même si la nuit était déjà presque terminée et qu'il parassait peu probable que ça vaille la peine de réveiller quelqu'un pour obtenir de l'aide et poursuivre les observations, les observateurs ont tiré du lit un bon samaritain qui leur a permis d'obtenir quelques données de plus. Sur le coup, on se demande si ça vaut la peine. Mais après coup, sachant que durant les nuits suivantes aucune donnée n'a pu être prise, cette décision fut la bonne. Autre manifestation de la paranoia des astronomes: toujours supposer que la présente nuit est la dernière et qu'il faut absolument en tirer le maximum de données.

Autres problèmes signalés: des fichiers de données (des images) qui se font bouffer par les ordinateurs, un écran qui devient vert et donne la nausée aux astronomes (effet caméléon), un astronome un peu fou et beaucoup cinglé qui a conduit un véhicule du CFHT sans permis de conduire et qui a réussi à le bousiller (loi de Murphy). Et il y a des fantômes dans l'observatoire qui boivent toute notre eau, ce qui fait que des milliers de gallons d'eau patiemment acheminés au sommet par camion disparaissent à chaque nuit.

Dans le fond, on s'amuse plutôt bien, pendant ces meetings...



Mardi 23 novembre

Un meeting présenté par notre libraire. Elle sait comment nous attirer: elle avait acheté des beignes! Mais je ne me souviens plus de quoi elle a parlé...

Le beigne de 10 heures a peut-être été une erreur, car sur l'heure du dîner, j'ai été invitée au restaurant par le directeur pour discuter, en compagnie d'un autre astronome du CFHT, avec des visiteurs Coréens intéressés à participer aux activités de notre observatoire. Lunch gratuit, donc, mais j'ai pu finir mon assiette à cause du foutu beigne! Ah! On ne gagne jamais!

Un autre meeting en après-midi, entre astronomes. Cette fois-ci, on s'est divisé les tâches d'astronome support pour les mois de février à juillet, en essayant de donner une vingtaine de nuit de travail à chacun. Il a fallu également se diviser les tâches suivantes: la production du Bulletin d'information qui paraît 2 fois par année, le rapport annuel (dans lequel on m'a embarquée pour faire la traduction en français), la production d'une page Web en français pour le CFHT (ce qui manque cruellement...). Ça donne une idée des tâches d'un astronome résident...



Jeudi 25 novembre

Thanksgiving! Congé! Bouffe! Dinde! De 22 livres! Nous étions une grosse demi-douzaine à partager un repas fait pour 20 personnes: dinde, farce, patates pilées, légumes, salade, tartes, gâteau et salade de fruits frais (tant qu'on ne me demande pas de faire cuire quelquechose, je peux contribuer modestement). Assez étonnant, sur les 9 personnes présentes, il y avait 4 francophones, un unilingue anglo, et 4 anglophones qui comprennent assez bien le français pour tenir une conversation. Les américains semblent encore avoir un faible pour la France, Paris, la Tour Effel, et le romantisme de la langue française. Intéressant! Il y a plus d'occasions de parler français que je ne croyais.



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© Nadine Manset
Dernière mise à jour: 28 novembre 1999.