Semaine du 14 février 2000 |
J'étais supposée être astronome de support de dimanche à mercredi, mais ne me sentant pas trop bien vendredi (arrêtez tout de suite de vous inquiéter, ça va très bien maintenant!), je m'étais arrangée pour me faire remplacer.
Oulala, l'astronome qui m'a remplacée, et dont c'était la première nuit en tant qu'astronome de support, s'est tapée toute une série de problèmes! Nuit mémorable! Plus grand chose ne fonctionnait: problème bizarre de foyer anormal, problème bizarre de guidage (l'étoile quittait sa position centrale en décrivant une spirale), le système d'optique adaptative (qui corrige les effets de l'atmosphère turbulente) qui ne corrigeait pas grand chose... L'observateur (plutôt mécontent) a dû se rabattre sur un projet secondaire et laisser tomber son programme principal à cause des problèmes techniques, malgré les efforts de plusieurs ingénieurs réveillés en plein milieu de la nuit pour trouver les causes de tous ces problèmes. Une équipe s'est déplacée au sommet pour finalement découvrir et régler plusieurs petits problèmes à la source de tous ces mystères.
En avril, je dois remplacer pour quelques nuits l'astronome qui avait
si charitablement pris ma place. On sera quitte si les ordinateurs
plantent, l'obturateur reste coincé, le télescope perd quelques
engrenages et le dôme ne veut plus bouger...
Je connaissais déjà quelques-uns des effets de la présence du volcan
sur la Grande Ile: coulées de lave (mais c'est loin de Waimea, pas de
danger) et vog. Voilà que j'ai été introduite à un autre effet: les
tremblements de terre! Apparemment, il peut y avoir jusqu'à 200
(petits) tremblements de terre par jour à cause du mouvement de la lave
dans la croûte terrestre. Eh bien aujourd'hui, j'ai eu mon premier petit
tremblement de terre, bien amusant et rien d'inquiétant: les murs ont
craqué un peu avant de se replacer, et j'ai gigotté sur ma chaise
pendant quelques secondes. Pas de quoi paniquer. Mais c'est amusant d'en
parler.
A l'automne 2000, le CFHT organise une fête pour célébrer les 20 ans de l'Observatoire: visite des installations de Waimea, groupes scolaires, conférences spéciales sur le passé, le présent et le futur du CFHT, présence de tous les anciens directeurs de l'observatoire, publicité dans les journaux, à la télé et à la radio, démonstrations et expériences en direct, etc.
Pour attirer de joyeux volontaires à participer à l'organisation de
cet événement, une réunion avec beignes (pas de vin cette fois-ci, zut,
on peut jamais tout avoir en même temps) avait été organisée. On vise
haut, on vise grand. Des idées germent, les gens s'impliquent... à
suivre...
Cette fois-ci, je m'y suis pris d'avance pour aller visiter la reconstitution du village Hawaiien, à quelques milles au nord-est de chez moi. Un petit sentier se promène parmi des ruines d'un village, agrémentées de petits explications instructives.
J'ai vu cette fois-ci de quoi avaient l'air les habitations hawaiiennes: des pieux verticaux tenus en place par les murets de pierres servent de soutien pour les murs et le toit, qui sont faits de branches et de bambous, et recouverts d'herbes sèches. Pour se protéger de la pluie et du vent, c'est tout ce qui est nécessaire. Le haut des murs est ouvert pour permettre une certaine ventilation.
Le site en question avait été choisi il y a quelques siècles à cause de la présence d'une source d'eau douce pouvant être puisée, et de la plage qui permet aux embarcations d'aboutir tout doucement sur la terre ferme sans être endommagés par les rochers. Les eaux relativement calmes, claires et bleues, invitaient à la baignade. Le vent de cette journée-là rendait supportable la chaleur torride (30 degrés Celsius), mais sinon, je me serais trempé les pattes dans l'océan...
La chaleur et le soleil de l'endroit étaient utilisés jadis pour récupérer le sel contenu dans l'eau de mer. Cette eau était versée dans des pierres creusées pour en faire des contenants peu profonds; l'évaporation de l'eau laissait le sel, qui était par la suite récupéré.
Huttes abritant jadis les longues embarcations... vestiges de jeux d'adresse... puits dont l'assèchement fut probablement la cause de l'abandon de l'endroit... pierre sacrée au pied de laquelle les pêcheurs offraient une partie de leur pêche... parcelles de terre fertile protégées du vent par des rangées de canne à sucre, et où étaient semés quelques légumes (tubercules, gourdes)...
La visite, bien qu'intéressante, m'a laissée sur ma faim... Je
m'attendais à plus d'explications, des schémas et panneaux montrant la
vie de tous les jours, la façon dont l'espace était occupé dans des
grandes habitations pouvant probablement abriter plusieurs familles, des
collections d'outils et d'objets de tous les jours... J'ai en fait
préféré tomber par hasard sur les ruines d'un village, la fin de semaine
passée, plutôt que de chercher en vain à assouvir ma curiosité dans ce
parc, historique et entretenu par l'état, mais pauvrement entretenu et
fourni...